Modane, 13 octobre 1955.
Les freins actuels sont constitués par une conduite
générale s'étendant sur toute
l'étendue du
train et contenant de l'air comprimé. Cette conduite est
reliée sous chaque véhicule à des
appareils dits
"cylindres à freins" contenant un piston mobile en fonte
avec
segments dont la tige agit en se déplaçant sur la
tringle
des sabots.
Le mécanicien de la locomotive en tournant un robinet fait
fonctionner un éjecteur lançant l'air
comprimé en
dehors. L'air de la conduite est aspiré et par
l'intermédiaire du cylindre à frein applique les
sabots
contre les bandages.
Ce système dit "à triple valves" a
l'inconvénient
de ne pas être progressif au desserrage. Lorsque l'on veut
diminuer le freinage, on doit libérer
complètement le
frein puis freiner de nouveau. D'où ces à coups
nettement
perceptibles dans les fortes pentes.
La Compagnie Westinghouse s'est attaquée à ce
problème et a mis au point un frein qui semble donner toute
satisfaction.
Le principe de l'ancien système a été
conservé .../... et considérablement
amélioré dans le cylindre à frein. On
a
remplacé le piston de fonte qui manquait de souplesse par
des
membranes de caoutchouc. On évite ainsi de nombreux
frottements
qui ralentissaient la rapidité du freinage. Et surtout, on
peut
desserrer progressivement comme dans une voiture automobile.
.../...
Depuis plus d'un an la Division des Essais du Matériel, sous
la
direction de MM LAPLAICHE et ROMESTAIN procède à
des
essais extrêmement poussés.
.../...
Aujourd'hui, c'est un train de 1.200 tonnes, long de 800
mètres
qui sert aux essais.
Ce train n'est pas un train comme les autres. Sur chaque wagon se tient
un serre-frein comme aux temps héroïques du chemin
de fer.
C'est que, tant que les nouveaux freins ne sont pas officiellement
adoptés, on doit prendre toutes les mesures de
sécurité. Derrière la locomotive et au
centre sont
accrochés quatre wagons postes comportant des instruments de
mesure.
.../...
Mais le quartier général des essais se trouve en
queue du
train. C'est une ancienne voiture dynamométrique qui a
été transformée pour la circonstance
en wagon
laboratoire. Là, des techniciens observent des cadrans qui
indiquent la vitesse, la pression. Certains appareils mesurent au 100e
de seconde la vitesse de propagation de l'onde de freinage entre le
moment où le mécanicien tourne son robinet et
celui
où le wagon est freiné.